Dans la chanson française on trouve quelques objets incongrus : des chansons qui durent 7,8, 10, 15 minutes ou plus et qui de ce fait se voient irrémédiablement rejetées par les radios et les autres médias, quelques soient leurs qualités.
Les Chansons Fleuves présentées ici sont marquées (démarquées ?) par ce format anormal dans les médias actuels.
Quand on parle de chanson atypique, en voici une qui peut
incontestablement revendiquer cette adjectif. Tout en gouaille, le
terme qui convient par excellence au caractère de Ricet. Mais pas
sans charme et plein d’humour bien sûr. Cette chanson Les Spermatozoïdes, on ne peut que la rapprocher du film de Woody Allen «
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans
jamais oser le demander
» qui date de 1972. L’un des sketches de ce film au titre insensé
représentait la course effrénée ds spermatozoïdes pour donner la
vie ... le thème exact du texte de cette chanson. Les 300 millions «
d’individus » qui concourent au succès de cette chanson, Ricet
Barrier semble vraiment en être et c’est cela qui la rend si réussie
cette chanson ! Pour être complet il faut dire que si Ricet a
travaillé sur le texte et la musique, il a aussi été épaulé par
Bernard Lelou pour le texte et par Joseph Dejean pour la musique.Ce
fut l’un des plus grand succès de ce bout en train dont la carrière
se déroula sur presque 50 années. A signaler que cette chanson comme
une vingtaine d’autres de Ricet fut au répertoire des Frères
Jacques.
Nous sommes 300 millions massés derrière la porte
Trop serrés pour remuer trop tendus pour penser Une seule idée en tête la porte la porte la porte Quand elle s'ouvrira ce sera la ruée La vraie course à la mort la tuerie sans passion Un seul gagnera tous les autres mourront Même pas numérotés seul un instinct nous guide On nous a baptisés les spermatozoïdes
Le prix de la victoire c'est une fille de joie Nous sommes 300 millions et un seul l'aura Elle se fout du vainqueur elle ne choisit même pas Elle se donne à tout l'monde mais un seul à la fois Elle attend bien tranquille dans son palais douillet Le confort y est total les serviteurs discrets Pas de nuit pas de jour pas de bruit que l'amour L'amour l'amour l'amour l'amour l'amour l'amour
Nous bougeons lentement faut pas s'ankyloser Quand on est d'vant la porte on voudrait s'arrêter Si elle s'ouvrait maint'nant je serais bien placé Mais non les autres poussent ça y est j'l'ai dépassée Et la ronde continue la ronde des prisonniers Mais ce que l'on attend c'n'est pas la liberté On n'se parle même pas on garde les yeux baissés On ne regarde pas ceux qu'il faudra tuer
Soudain on s'arrête tous Plus personne ne pousse C'est l'instant qu'on attend Très subtil le chang'ment On n'voit rien mais on l'sent Dehors ça bouge lent'ment On espère on redoute On n'bouge plus on écoute
Ça y est c'est parti la porte est ouverte c'est la ruée au dehors Ne pas s'affoler ne pas s'affoler sinon c'est la mort Pas partir trop vite la distance est longue faut pas s'essouffler Déjà les premiers ont été massacrés bousculés piétinés Ce qui s'passe devant c'est pas important du moins pour l'instant La mort vient dans l'dos le croche-pied vicelard et le piétinement
Le fouet bien en main j'en vois un qui s'rapproche j'l'attends Il est à ma portée je me retourne vlan d'un coup de fouet je
l'descends Faut être attentif tous les nerfs tendus prévoir le danger Tous c'qui se passe autour faut en être conscient sentir et frapper Quand l'un tourne le dos s'il est à portée on lui règle son sort C'est la règle du jeu la moindre pitié entraîne la mort
Sacré nom de dieu un coup de fouet a sifflé juste derrière mes
oreilles Mais j'dois être cinglé pour philosopher à un moment pareil Le fouet tournoyant je cavale à mort pour me dégager L'danger écarté je reprend mon train faut pas s'énerver Déjà la moitié les trois quarts sont morts ça s'est clairsemé On court plus lent'ment on piétine des corps on est fatigués
Courir courir courir courir courir courir Tenir tenir tenir tenir tenir tenir Ceux qu'ont la rage de vivre il n'y a qu'ceux-là qui tiennent Maintenant on n'se bat plus oh ce n'est plus la peine Les mecs tombent un à un morts avant d'toucher l'sol Exténués épuisés vidés rincés ras-le-bol C'est bon d'se laisser choir dormir comme les noyés Mais ceux qui s'laissent tomber c'est pour l'éternité
Soudain je l'aperçois Il est devant mes yeux Il est là devant moi Ce palais merveilleux
J'arrive ma toute belle encore un p'tit effort Et je plonge dans la vie en sortant de la mort Mais non je n'suis pas seul deux mecs m'ont précédé Tellement épuisés qu'ils ne trouvent pas l'entrée Je leur tombe dessus les écrase les bouscule Je leur piétine la gueule et j'entre dans l'ovule
Que c'est beau Que c'est beau
J'entre dans un paradis Elle est là cette garce de vie Pendant neuf mois entre elle et moi Ce s'ra l'éden le nirvana Je suis l'vainqueur des 300 millions Je sors du néant j'ai un nom C'est merveilleux l'existence Ça commence par des vacances
Que c'est beau Que c'est beau
Je vais les jouir à plein ces neuf mois sans problème Tranquille baignant dans l'huile sans amour et sans haine Sans froidure ni chaleur surtout sans société Parce que les autres les vaches ils m'attendent à l'entrée Tous les autres vainqueurs ceux qui sont d'jà dehors Ils m'attendent pour se battre pour voir qui s'ra l'plus fort Mouais quand je sortirai il n'y aura plus d'vacances Pendant soixante-dix ans la bagarre recommence
C'est la vie C'est la vie C'est la vie C'est la vie C'est la vie C'est la vie
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